Mercredi 15 janvier 2003 
L'ennui à l'école
Ennui : Lassitude morale produite par le desœuvrement, le manque d'intérêt etc.[...]
Telle est une part de la définition donnée par le Larousse de Poche. C'est sur le sujet de "l'ennui à l'école" que se penchent en ce moment un certain nombre de médias, car le CNP organisait hier un colloque sur ce thème.
Le Monde rapporte donc que Luc Ferry, notre actuel ministre de l'Éducation Nationale, eut un immense bonheur de quitter le lycée
car de son temps, ils étaient 80 % à s'y ennuyer comme des rats morts
(cause djeun le ministre...).
Il rajoute quand même que des efforts considérables ont depuis été effectués pour rendre les enseignements plus attrayants
. Ouf ! Car après le "mammouth" de C.Allègre, les "rats morts" de L.Ferry, s'eusse pu faire désordre...
Il faut quand même préciser que l'une des raisons qui peuvent rendre un enseignement ennuyeux, c'est bien le contenu de ce que l'on doit enseigner. Rendre palpitant un cours sur "l'usage et la transformation de formules" (extraits du programme de maths de BEP), ou en sciences "phénomènes d'électrolyse, migrations des ions", euh....
Franchement, qu'est-ce qu'un BEP Productique (tourneur-fraiseur) a à faire de la migrations des ions pendant une électrolyse ? hummm ?
Or, qui a été le Président de la Commission Nationale des Programmes pendant plusieurs années ? Ce même Luc Ferry qui s'ennuyait comme un rat mort au lycée.
Bref, reste la personnalité de chaque enseignant pour rendre vivant son cours avec ce genre d'handicaps. Pour ma part, cela fait bien longtemps que j'ai laissé tomber les cours magistraux et que je prône l'interactivité avec les élèves. Mais je ne peux jamais intéresser 100% de la population que j'ai devant moi : im-po-ssible.
Comme le fait remarquer Philippe Meirieu, nous sommes face à des enfants de la télécommande. Ils ne supportent pas de ne pas pouvoir agir
. Ils zappent, cèdent à la facilité : 72 % des élèves citaient les efforts de mémorisation comme particulièrement rébarbatifs
lors de la consultation organisée par C.Allègre en 1998.
Eh oui, apprendre cela peut être pénible, cela demande quelques efforts.
Mais c'est grâce à notre mémoire et à notre faculté de transmettre nos savoirs que nous sommes des homo-sapiens-sapiens, des animaux doués de raison (et de déraison...). Dans ces savoirs, il y en a un certain nombre à connaître par cœur. On ne peut pas y échapper.
Il est certain que chaque individu a ses domaines de prédilections, et qu'on retient plus facilement ce qui nous intéresse. Néanmoins, refuser certains pans de culture sous prétexte que ce n'est pas notre tasse de thé (je parle bien de culture générale et non de spécificités comme l'exemple de la migration des ions citée ci-dessus) nous entraîne forcement du coté de la médiocrité, et nous méritons mieux que cela.
Tout l'enjeu est d'en convaincre les ados, et ce n'est pas une mince affaire, surtout quand ceux-ci ont une image d'eux-mêmes particulièrement dégradée.
Les plus fragiles sont souvent ceux qui compensent le plus par des actes "déviants" qui peuvent aller jusqu'à une violence incroyable.
Que va t'il ressortir de ce colloque ? Jean-Didier Vincent, qui a remplacé Luc Ferry en juillet 2002 à la tête du CNP, déclare aux journalistes du Monde :
Claude Allègre avait avancé l'idée que les élèves s'ennuyaient en classe parce que les programmes étaient trop chargés. Il convenait, selon lui, de dégraisser le mammouth, mais aussi les programmes. Il me semble que des programmes allégés ne présentent pas plus d'intérêt pour les élèves. Je préfère l'idée d'assouplissement : sans revenir sur la tarte à la crème du pluridisciplinaire, il faut établir des ponts entre les disciplines.
Des ponts entre les disciplines
... C'est très intéressant, mais ça fait longtemps que cela existe. Si c'est la seule idée qui en ressort, j'ai bien peur que la situation perdure...
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