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Mercredi 19 novembre 2003 | link |

La grande lessive

Le grand débat national sur l'avenir de l'école a débuté.

Soumis à la sagacité du peuple français, 22 thèmes de réflexions comme :

• Thème 4. Faut-il partager autrement l’éducation entre jeunesse et âge adulte et impliquer davantage le monde du travail ?
• Thème 7. Comment améliorer la reconnaissance et l’organisation de la voie professionnelle ?
• Thème 8. Comment motiver et faire travailler efficacement les élèves ?
• Thème 14. Comment scolariser les élèves handicapés ou atteints de maladie grave ?
• Thème 15. Comment lutter efficacement contre la violence et les incivilités ?
• Thème 18. Comment, en matière d’éducation, définir et répartir les rôles et les responsabilités respectifs de l’État et des collectivités territoriales ?
• Thème 21. Faut-il redéfinir les métiers de l'École ?
• Thème 22. Comment former, recruter, évaluer les enseignants et mieux organiser leur carrière ?

Le gouvernement assure la transparence des débats grâce au site internet et ses forums.
Personnellement, ce n'est pas la transparence des débats sur internet qui m'inquiète... c'est la transparence des décisions prises à partir de ces différents débats organisés dans les établissements scolaires.

Imaginons qu'il se dégage une tendance nette à réfuter la décentralisation (thème 18), le mouvement en marche sera t-il stoppé, voire annulé, pour autant ?
Imaginons que la solution n°1 pour lutter contre la violence (thème 15) soit une augmentation du nombre des adultes encadrants dans les établissements. Des postes budgétaires vont-il être largement débloqués alors que la tendance actuelle est inverse ?
Imaginons qu'il apparaisse que la formation initiale et continue des enseignants (thème 22) passe par un meilleur suivi par leurs inspecteurs et par plus de stages de formation. Là aussi, des inspecteurs et des formateurs vont-ils être recrutés ?

Non, évidemment que non. L'heure est aux économies budgétaires dans la fonction publique, et l'Education Nationale coûte cher, très cher... De plus, le dernier rapport de la cour des comptes, tombé à point nommé il y a quelques mois, indique que l'augmentation des moyens délivrés ces dernières années n'a pas favorisé les réussites scolaires. Pourquoi investir à fonds perdus ?
Ce que ne dit pas le rapport, c'est que la réforme Allègre a fait plus de mal que de bien et que les résultats auraient été encore pires si il n'y avait pas eu ces moyens.
Bien sûr, on peut me rétorquer que ceci est une affirmation totalement gratuite et infondée. Et pourtant...

Cela doit être la 3^ème consultation à laquelle j'assiste. La dernière en date avait des questions tellement ouvertes que je me demande encore quel a pu en être le traitement.
Je me souviens de questions posées aux élèves, telles que : Quelle matière vous semble sans grand intérêt, ou Que faudrait-il pour que l'enseignement vous motive ? (Ce ne n'était pas les tournures exactes, mais cela s'en rapproche).
Dans la classe de terminale BEP où il avait fallu que je mène la consultation, la majorité des réponses étaient pour ces 2 questions :
1. L'histoire géographie
2. Que les enseignantes soient en mini-jupe

Passons sur la dernière, et interrogeons-nous sur la première. Sous prétexte que l'histoire-géo ne sert pas dans le milieu professionnel, devra t-on alléger à sa plus simple expression cet enseignement ?
L'exemple peut paraître grossier, mais vu le nombre de fois où l'on peut entendre mais à quoi ça sert ? des pans de programmes entiers en maths, en sciences, en littérature ou autre matière d'enseignement général pourraient disparaître au profit de considérations plus... terre à terre.

Après tout, est-ce qu'un tourneur-fraiseur a besoin de savoir équilibrer une réaction chimique ? Un charpentier a t-il besoin de connaître des poèmes de Rimbaud ? Est-ce que la compétence d'une secrétaire sera meilleure si elle sait résoudre une équation du second degré ?

Il n'est pas question supprimer tout cela ? Ah oui ? Vous en êtes sûrs ?
Et pourtant, la résolution algébrique d'une équation du second degré a déjà disparu des programmes de BEP, on ne demande plus dans les épreuves d'examen d'équilibrer une équation bilan, quant à la littérature, ouh la ! Pas de gros mots s'il vous plait.

La grande lessive a commencé, mais il n'est pas certain que le ménage soit fait là où il faut...

Commentaires

Tristesse

Ce matin, à 11H30, l'amie qui nous accompagnait depuis presque 16 ans a été rejoindre le paradis des chats.
C'est une belle tranche de vie qui se termine, et un grand vide dans nos coeurs.

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