Au cours de ces dernières semaines, j'ai suivi un stage sur l'EEDD
Au menu, cours de sciences physiques appliqués à l'EEDD et visite à l'AREHN (Expo : Energies, quel avenir ?)
C'est donc au cours de cette visite que l'on apprend que les gisements d'uranium, dans l'hypothèse d'une poursuite de la consommation actuelle, seraient épuisés d'ici 70 petites années. Pessimiste l'AREHN ?
Il faut savoir en effet que l'uranium "intéressant" pour produire l'énergie des centrales est l' 235U, c'est à dire l'uranium détenant 143 neutrons. Mais cet isotope n'est pas le plus abondant à l'état naturel. En effet, il ne représente que 0,7% de l'uranium naturel, principalement constitué de 238U (à 146 neutrons). En passant, notez que la période radioactive de l' 238U est de 4,5 milliards d'années, ni plus ni moins que le temps de vie restant à notre soleil...
L' 235U demande donc à être enrichi pour pouvoir servir de combustible aux centrales. C'est cette technique que les Iraniens déclarent maîtriser, dans un but, assurent-ils, uniquement civil.
Des tentatives pour utiliser l' 238U ont bien été tentées... mais sans succès : tout le monde se souvient de l'échec cuisant de SuperPhenix. Mais bien entendu, les recherches et les essais se poursuivent.
Mais revenons à cette fin programmée des réserves d'uranium. Sur le site du CEA, on trouve les informations suivantes (données 1999) :
les ressources conventionnelles en uranium connues aujourd'hui, incluant celles raisonnablement accessibles, sont supérieures à 4 millions de tonnes d'uranium. Si l'on considère les besoins actuels pour le parc électronucléaire mondial - qui consomme annuellement environ 50 000 tonnes d'uranium naturel - les ressources conventionnelles représentent environ 50 ans d'approvisionnement. L'ajout des ressources additionnelles estimées conduit à un total supérieur à 6,3 millions de tonnes ce qui repousse encore la perspective d'épuisement, même dans l'hypothèse d'une demande en continuelle croissance et sans tenir compte de la mise au point de nouveaux combustibles encore plus performants ainsi que de nouveaux réacteurs.
Source :
http://www.cea.fr/fr/pedagogie/Energie_ms/energie_environnement_reserves.htm
Ni une ni deux, je saute sur ma calculatrice : 6,3.106/50 000 = 126 ans. Bon, en un siècle, on peut faire des découvertes, et surtout on peut développer aussi d'autres types d'énergies.
Puisque j'ai ma calculette en main, j'en profite pour vérifier : 4.106/50 000 = 80 ans !!? Le CEA se serait-il trompé de 30 ans dans ses calculs ? Ou les 50 000 t ne seraient pas exacts ? Mais alors dans ce cas, ce n'est pas 126 ans de réserves d'uranium dont on disposeraient, mais seulement 78 ans à partir de 1999. Les chiffres avancés par l'AREHN seraient donc bien exacts.
Il est certain que les avantages de l'énergie nucléaire ne sont pas négligeables : cela nous laisse une certaine indépendance vis à vis du pétrole, et les centrales ne produisent aucun gaz à effet de serre.
Par contre les déchets... Sur son site, le CEA minimise le problème en informant que 90% des déchets deviennent inoffensifs au bout de 300 ans. Et les 10% restants ? Négligeables ? Sûrement pas ! Le 239Pu (retraité à la Hague), a tout de même une période radioactive de 24 100 années. Et à côté du plutonium, il y a 4% des déchets hautement radioactifs dont on ne sait quoi faire, à part les enterrer quelque part (si possible, loin de chez soi)...
En attendant, on fait quoi pour remplacer le pétrole et l'uranium ?
Ah tu as aussi eu les joies d'un stage EEDD. :)
J'ai bien peur que la hausse de la consommation mondiale soit largement sous-estimée. Le prix de l'uranium n'irra pas en baissant, ce qui n'est pas grave en soit, pourvu que cela nous conduise à la sobriété energétique et aux énergies renouvelables.
a propos de ton avant dernière remarque, on notera les efforts de la ville de Paris dans l'usage d'énergies "propres", notamment en renouvellant ses véhicules pour de l'électrique (ou des biocarburant), ce qui permet non pas de supprimer la pollution mais de la transférer loin de la ville. Car les biocarburants ça pollue les nappes et le nucléaire ça pue. ;)
aqb - 20-04-2006 - 22:57
Eh oui, tous en stage EEDD !! ;)
Et comme les grands esprits se rencontrent (dit-elle, modeste) ; Tristan écrit aussi un post sur l'avenir energétique, pas sur le nucléaire, mais sur le pétrole.
Roh la la, qu'est-ce qu'on se complète tous les deux quand on s'y met ;)
http://standblog.org/blog/2006/04/22/93114756-la-face-cachee-du-petrole
Pascale - 22-04-2006 - 14:23
N'y aurait il pas une coquille dans le texte lorsque vous parler du U235 pour Superphenix.
En effet si le U235 est le moins présent mais le plus utilisé, l'intéret de votre phrase serait de souligner que pour l'instant on ne sait pas très bien utiliser le U238 malgrès des essais ?
Ou bien ai je mal compris
ekacnet - 23-04-2006 - 01:46
Oooohhhhh, oui, effectivement. Belle coquille !
C'est corrigé, merci.
Pascale - 23-04-2006 - 12:11
Cela me rappelle ma première visite dans une centrale nucléaire, j'avais 15 ans.
Après la superbe vidéo de promotion du site, j'ai timidement levé le doigt en demandant : de quel stock d'uranium disposons-nous ?
L'animateur qui a vait réponse à tout nous a répondu : "allors-là, vous me posez une colle !".
Je fus très fier d'avoir collé EDF :-)
Denis - 24-04-2006 - 11:21
"... même dans l'hypothèse d'une demande en continuelle croissance ... "
Le modéle est sans doute plus compliqué qu'une régle de 3 ;) Par contre si la croissance du parc electronucléaire est sous estimé, ca fera moins du coups ... On fait des estimations d'estimations, ca fait peur!
Philippe - 27-04-2006 - 13:13
Aahh, tout mon programme de physique du moment ...
Ce qui est aussi très inquiétant c'est quand on connaît le grand nombre de purificateurs (300 dans le modèle étudié) nécessaires pour atteindre ces 4%, comparé au plus petit nombre pour obtenir de plus gros pourcentage (80-90%) et pouvoir fabriquer une bombe nucléaire (c'est une suite géométrique pour nos amis les matheux)
Etienne - 20-04-2006 - 09:57